Retour à la maison

[Eric-Cartman]

Elle représentait une sirène.


Mi-femme, mi-poisson. Les écailles lui couvrant le corps, du bas des hanches jusqu’au bout de la nageoire, étaient d’un vert émeraude étincelant. Personne n’aurait su dire en quoi elles étaient faites et les hypothèses les plus loufoques avaient vu le jour dans les ports qu’elle avait mouillés. Quand certains parlaient d’or vert, très rare et très couteux, d’autres avançaient la théorie de minerai issu de météorite et les derniers, certainement les plus passionnés, scandaient haut et fort être en présence de véritables écailles de Dragon. Le capitaine s’amusait de l’ignorance des gens et ne contredisait personne, laissant planer le doute et offrant à son fier navire une aura mystérieuse, presque magique qui lui valait le nom de Green Scales.


Après s’être aventuré loin à l’est, à des miles nautiques de l’île de Moon, dans des régions encore inexplorées, ayant traversé des mers inconnues et dangereuses comme d’immenses océans azurs, mouillé dans des ports sals et peuplés de pirates qui ne pensaient qu’à vous détrousser et ceux de citées florissantes, riches tellement gigantesques que Brakmar entière pouvait tenir sur une place de marché, affronté des tempêtes tellement violentes, qu’il fallait être fou pour s’y aventurer et les flots calmes d’une mer d’été, la dame verte rentrait chez elle.


Sa poitrine, nue, ornée d’un collier d’émeraudes, pointait vers un minuscule point lumineux au-dessus de l’horizon. Dans cette chaude nuit d’été, il était possible de voir le phare à des miles de distance. Petite lueur tremblotante. Espoir pour les uns, regret pour les autres, nostalgie pour tous.


« Dans moins d’un jour, nous y serons... Mon pays me manque …» chuchota-t-il à l’oreille de la figure de proue, le houlement de la mer allait lui manquer. Il avait pris l’habitude de ce vacillement régulier sous ses pieds aussi bien qu’il était maintenant plus à l’aise sur un navire que sur la terre ferme.

« Voilà un an que nous sommes parti… Je sais aussi que ce port te manque… Mon clan doit maintenant être dispersé partout sur le continent… Que d’aventures ils ont dû vivre… J’imagine déjà Aza qui a dû affronter mil et un combats, ou Cruau, qui a dû manger moult nouveaux plats et Tite, qui a certainement dû se faire tabasser par plus fort qu’elle... Rahlala… Tu te souviens, quand nous dinions ensemble, sur ton pont ? Que de soirée, nous avons connu, que de rires, nous avons partagés, que de bouteilles nous avons vidés... Ces temps me manquent… Mes amis aussi… Pourtant, je ne regrette rien. En partant, j’ai pu découvrir des choses inimaginables, magiques, féériques… Toi aussi tu les as vus d’ailleurs ! Tu sais que je ne suis pas fou ! » Il s’assit sur le bastingage et laisse choir ses pieds au-dessus des flots transpercés par la coque du navire.


« -Cap’taine ! Cap’taine ! hurla un homme dans son dos, On narrif ! On narrif ! On … NARRIf ! » une bouteille à la main, un cigare dans l’autre et la braguette ouverte, le matelot sautait de joie.


-« Ciel, Timmy, c’bien d’fois t’l’ai-je dis ? Quand qu’tu pisses par-d’ssus bord, oublies pas d’fermer t’braguette ‘suite ! Si les mouettes voyaient ton p’tit tasticaut, j’suis sûr qu’ziraient s’battre pour l’bouffer ! Mènes moi s’teille qu’on s’l’enfile en pensant au bon vieux temps ! J’spere que rien a changé, qu’sont tjours là ces salopio d’Dug. Et j’te jure, dès qu’les r'trouve, j’leurs fout la branlée d’leur vie ! T’avec moi Timmy ? plaisanta le capitaine.


-Euhkwé ! Va leur n’qué leur zoli ptit cul ! »



Sarynox